Lancement d'Elder Scrolls Online, le MMORPG des compromis

Désormais officiellement disponible, The Elder Scrolls Online affiche ses ambitions et ses contradictions. Quand la licence Elder Scrolls rencontre le MMORPG, le résultat est encore à définir.

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Nombreux sont les joueurs à observer cet étrange phénomène nommé The Elder Scrolls Online. Ambitieux, le titre développé par le studio ZeniMax Online pour le compte de Bethesda Softworks est officiellement disponible à compter d'aujourd'hui. The Elder Scrolls Online s'adresse à des joueurs de différents horizons, attirés notamment par une licence reconnue des RPG qui change pourtant de catégorie, gagnant au passage trois lettres à son acronyme pour devenir un MMORPG à définir. Avant d'essayer d'y répondre, une nouvelle cinématique est sortie à l'occasion du lancement Elder Scrolls Online afin de l'illustrer, sans le refléter.

Est-ce un Elder Scrolls ?

Les longues heures d'aventure solitaire en toute quiétude sont un lointain souvenir. L'ensemble des joueurs européens étant réunis sur un seul et méga serveur, il faudra accepter d'être un joueur au milieu des autres pour apprécier complètement l'aventure. On conserve certes son rôle d'élu qui changera le monde, mais le chevalier-dragon juste à coté de vous remplira la même mission. Il sera possible de venir à bout d'une grande partie du contenu d'Elder Scrolls Online seul, alors que les défis les plus ardus demanderont de s'appuyer sur d'autres aventuriers. A prendre ou à laisser, se lancer dans ce nouvel épisode d'Elder Scrolls demandera de changer d'habitudes.

Deshaan

L'influence d'Elder Scrolls se fait néanmoins sentir. L'immersion est de mise avec une interface minimaliste pour une plongée à la première personne (à éviter en PvP) dans un monde d'une immense richesse, force des Elder Scrolls. Vaste et ouvert, Tamriel prendra bien des heures pour être traversé et exploré, tout en se reposant sur de très nombreux détails d'une histoire riche et variée. Il faudra bien des livres à éplucher (2235 dénombrés en jeu) pour l'effleurer, le tout prenant place dans des lieux connus et variés, parmi les différentes races peuplant Tamriel. Les développeurs se sont ainsi fendus d'une infographie pour illustrer la richesse du jeu: dénombrant par exemple 10202 personnages non joueurs, voire plus de 61 millions d'items en jeu. D'ailleurs coté développement, les bugs seront également de la partie, avec cette fois en plus des problèmes de lag avec les serveurs. Cela aura une incidence sur la qualité de l'expérience de jeu durant les premiers jours.

Les améliorations ne viendront plus des mods, mais du contenu apporté par les développeurs. Plus cadré, ce contenu devra se plier à certains contraintes pour concilier tous les aspects du jeu. Chaque ajout et capacité des avatars devra convenir à la fois en PvE et en PvP, tout en respectant un équilibre précaire qui sera remis régulièrement en question. Il suffit d'une mise à jour pour devoir remettre à plat toute une carrière. Beaux sans être exceptionnels, les graphismes doivent notamment répondre à la présence d'un contenu joueur contre joueur de masse. Particulièrement exigeant sur le plan technique (mais réussi dans ce cas), le PvP éloigne les perspectives de photo réalisme atteint par des mods de Skyrim. C'est une partie résolument perdue d'Elder Scrolls, au prix du multijoueur.

Est-ce un MMORPG ?

Terme générique englobant des centaines de titre, chacun a des attentes propres pour un genre en évolution constante. Il est acquis que le jeu réunit le plus grand nombre avec un serveur unique, pour une progression particulièrement calibrée pour jouer seul ou en comité très restreint. De plus, les joueurs sont partagés entre des dimensions parallèles au moyen du phasing. Cette méthode permet de s'assurer d'avoir toujours des joueurs autour de soi, sans être totalement noyé dans la masse. L'utilisation du phasing va également renforcer l'immersion, avec un monde qui va évoluer au fur et à mesure des actions du joueur. Mais quand il s'agit de réellement se réunir pour affronter des défis, il faudra compter de quatre joueurs pour un donjon à douze pour les Épreuves (contenu haut niveau), on est loin du massivement multijoueur sur le registre du PvE.

Siège

A l'inverse, The Elder Scrolls Online mérite complètement l'acronyme de MMORPG avec son PvP et la carte de Cyrodiil. Loin des régions PvE pour concilier les différents profils de joueurs, Cyrodiil est le théâtre d'affrontements entre joueurs mobilisés par centaines, s'échinant durant des heures à attaquer et défendre des forteresses pour la gloire d'une faction. L'aspect communautaire va alors enfin ressortir, pour des affrontements à la fois en jeu et en dehors, à la grande joie des modérateurs de nos forums. Sur une immense et unique carte PvP habilement conçue, une guerre à l'échelle d'un MMORPG fait rage.

Tuer des adversaires passera par l'utilisation de nombreuses compétences. Monter un personnage relèvera d'ailleurs du casse-tête tellement les possibilités et les combinaisons sont nombreuses, pour au final devoir choisir cinq sorts de base plus un ultime dans sa barre de compétence (on peut doubler ce nombre en changeant d'arme à partir du niveau 15). Le joueur de MMORPG habitué à plusieurs barres de dix emplacements va devoir trancher, afin de laisser un peu de place aux futurs joueurs sur consoles. Cette tendance se retrouve également dans l'interface minimaliste, il faudra piocher dans les add-ons, conçus par les joueurs, pour retrouver des fenêtres avec de multiples données affichées (dégâts, buffs, débuffs, etc) ou une mini-carte. Les add-ons ont cependant leur limite, ZeniMax ayant bridé leurs possibilités afin de conserver un équilibre pour les joueurs évoluant sans, toujours dans l'idée d'un compromis.

Entre les deux

Le résultat au final coule de source, The Elder Scrolls Online s'adresse à de multiples profils, sans totalement les combler. Chacun est donc libre de puiser dans le contenu qui l'intéresse, tout en considérant que des compromis seront nécessaires.

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La progression est intéressante en jouant seul ou en comité restreint, faisant évoluer Tamriel au fil des quêtes. Bien construites et sans être trop répétitives, les quêtes sont un fil rouge idéal pour traverser l'aventure d'Elder Scrolls Online, tout en laissant une large place à l'exploration. Il faudra fouiller chaque coin pour compléter l'ensemble du contenu, et monter les différentes métiers d'artisanat pour une difficulté limitée. L'accessibilité et l'absence de contrainte va en effet limiter les défis, tout en piétinant l'histoire quand il s'agira d'accéder au contenu des trois factions, peu importe son affiliation. Au final, il s'agira de se lancer dans des donjons et des zones d'aventure en petit comité, ou participer à une guerre de grande envergure.

La valeur d'Elder Scrolls Online se décidera sur le long terme. Un monde persistant est intéressant si l'on désire le parcourir durant des mois, voire des années, à moins de rapidement le traverser comme une simple expérience vidéo ludique sans intégrer la dimension communautaire. Durant son accès anticipé de cinq jours, The Elder Scrolls Online a déjà trouvé ses empereurs (titre ultime en PvP) et ses aventuriers de niveau maximum 50 désormais plongés dans les rangs vétérans. Définir The Elder Scrolls Online, c'est aussi définir son attente d'un MMORPG.

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